Une évaluation menée pendant plusieurs mois rend des conclusions particulièrement sensibles au sujet de la lutte contre le business du crime sur le Rocher. Lequel temporise et promet d’atteindre “l’exemplarité”.
C’est le site d’information Euractiv qui lance en premier le pavé dans la marre. Un rapport du Conseil de l’Europe publié ce lundi 23 janvier fait état de “dysfonctionnements majeurs dans la lutte contre le blanchiment d’argent” à Monaco.
Signe de la gravité de ces observations : le Groupe d’action financière (GAFI) s’apprêterait, sauf surprise, à mettre le pays en période d’observation.
Ainsi, les “activités financières orientées à l’international” dans la principauté lui font courir d’importants risques, est-il indiqué. Le Rocher serait “une cible de choix pour les flux financiers transfrontaliers illicites”.
Dispositifs “inadéquats”
“Les analyses de risques, la coopération internationale et le caractère dissuasif des sanctions sont par ailleurs inadéquats face aux risques de fraude et de corruption”, souligne le rapport.
Au sujet du blanchiment du produit de la fraude à l’impôt sur le revenu commise à l’étranger, cette “infraction fiscale n’est pas criminalisée à Monaco, et aucune analyse sérieuse des risques n’a été entreprise”.
Le GAFI appelle également l’Etat sudiste a prêter davantage attention au financement du terrorisme, même si les risques, cette fois, ont été estimés comme “faibles”, mais existants.
“Le rapport sera soumis à la plénière du GAFI le 20 février prochain, après quoi le pays entamera très certainement une phase d’observation d’un an” analyse Euractiv.
Attention, si de vrais efforts ne sont pas entrepris, Monaco serait de retour dans la “liste grise” des pays pointés du doigt en la matière. Un énorme risque de réputation, alors que le pays avait réussi à s’en extirper en 2009.
Des réformes sont souhaitables, d’après ce rapport, dans le contrôle des activités des agents immobiliers, les banques privées ou les gestionnaires de fortunes, par le biais desquels de fortes sommes transitent.
Sur le point précis du blanchiment de capitaux, les enquêtes et poursuites apparaissent “insuffisantes”. Ce qui mettrait en exergue les lacunes du système judiciaire monégasque, aux moyens bien trop limités.
La réaction de Monaco
Le gouvernement princier a exprimé auprès de nos confrères “sa pleine adhésion aux recommandations formulées” dans le rapport, et se dit parfaitement enclin à mettre en place les réformes suffisantes pour rejoindre les normes internationales.
Il estime toutefois que le document ne souligne pas de “dysfonctionnement global du dispositif de lutte contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme national”.
Le pouvoir sera, en tout état de cause, gardé à l’oeil pendant un an, histoire de voir si ces bonnes intentions se traduisent par des actions concrètes.
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