Le maire l'annonçait le 10 septembre : une taxe carbone va être instaurée pour les voitures embarquées sur les ferries effectuant la liaison Nice-Corse, sur le principe du "pollueur-payeur". Alors que l'opposition tempête, Christian Estrosi assume auprès de Nice-Presse des décisions "peut-être impopulaires aujourd'hui pour protéger, demain, l'environnement et notre développement".
Le socialiste Patrick Allemand "réclame une étude d'impact". Les élus Rassemblement national s'en prennent à"la taxe Estrosi". La direction de Corsica Ferries s'interroge sur son maintien. C'est peu dire que la taxe carbone portée par le maire de Nice a soulevé des critiques ce jeudi 16 septembre.
Son principe est simple : "Les ferries, c'est une double pollution, qui vient de la terre et de la mer. Chaque escale, c'est une tonne de CO2 pour le ferry lui-même, et une autre tonne pour les voitures qui débarquent et qui embarquent" rappelle Christian Estrosi dans nos colonnes ce soir.

"Cette taxe s'inscrit dans une cohérence, c'est un tout petit élément dans notre politique globale. Nous nous inscrivons dans un schéma d'économie durable et de transition écologique. Des experts identifient les sources de pollution auxquelles il convient de s'attaquer. À nous ensuite de proposer des réponses."
Un vaste plan pour l'économie bleue, qui comprend notamment une requalification d'envergure du Port et des dispositifs de soutien aux pêcheurs, va être mené jusqu'en 2026.
"En attendant, doit-on faire financer cette transition par le contribuable, ou plutôt par les usagers des ferries ?" interroge le maire.
Mais ne s'agit-il pas des mêmes, alors que Nice-Matin avance ce jour que "40% des passagers qui embarquent sur l’escale niçoise sont eux-mêmes Niçois", qualifiant cette taxe de "polémique"?
Le chiffre est erroné, répond l'élu : "Non, ce sont les habitants des Alpes-Maritimes. Et quand bien même ! Si je dois prendre une part d'impopularité, j'assumerais."
"Quand, il y a 11 ans, j'ai décidé de démolir la gare routière pour faire la Coulée verte, on aurait pu me dire que les usagers étaient pourtant Niçois. Oui, et qui aujourd'hui voudrait qu'on la reconstruise ?"
Que penser d'un éventuel départ de Corsica Ferries, ou en tout cas de la fin des liaisons dans leur configuration actuelle ?
"Depuis trente ou quarante ans on embarque des voitures sur les ferries et on les emmène en Corse, développe Christian Estrosi. Est-ce que la relation entre le littoral et la Corse doit conserver ce modèle d'il y a cinquante ans ? Le Port de Nice a-t-il vocation à rester replié sur ce modèle ?"
"Que ce soit Corsica Ferries ou d'autres, on ne va pas mettre un terme aux liaisons avec la Corse. Regardez, avec Monaco, nous allons ouvrir une ligne zéro carbone. Je crois aux navires du futur, à l'électrique, à l'hydrogène. La mobilité de demain doit se penser autrement".
"J'entends ceux qui me parlent de 10,5 millions de pertes avec cette décision. Je leur dis que nous multiplions ce qui est généré par le Port de Nice par quatre ou cinq en nous tournant vers une autre économie."
D'ici là, "je lance une étude pour savoir si son avenir, c'est plus l'activité marchande, ou davantage le yachting-plaisance-pêche. On verra bien ce qu'elle donnera."
Christian Estrosi sera demain matin l'invité spécial de Nice-Presse pour tirer un bilan des Assises de l'économie de la mer et développer son grand plan pour l'économie bleue.