Lors du dernier conseil municipal, la majorité a proposé de dispenser aux acteurs associatifs une formation sur le principe de laïcité. De quoi faire grincer des dents l'opposition Verte.
Balayer devant sa porte avant d'aller jeter un oeil sur celle des autres ? Parmi les toutes premières délibérations présentées au conseil le 10 décembre, celle sur la laïcité a fait bondir les élus du groupe Nice Écologique.
L'idée, portée par le premier adjoint Anthony Borré, est de proposer une formation sur ce principe et sur les valeurs républicaines aux acteurs du monde associatif qui le souhaitent.
Confrontée à la montée des communautarismes, notamment dans ses clubs de sport, la Ville adoptait, dès 2016, une "Charte sur le respect des valeurs de la République".
Une mairie peu laïque ?
L'intervention n'a pas manqué de faire réagir Jean-Christophe Picard, membre du groupe écologiste.
"Vous vantez les nombreuses actions menées par la Ville en matière de promotion de la laïcité… Très honnêtement, cela ne saute pas toujours aux yeux".
A suivi un florilège d'exemples d'invitations émanant de la mairie : "en mémoire des soldats morts pour la France, le 2 novembre 2021, à une messe pour le 51e anniversaire de la disparition du général de Gaulle, le 9 novembre 2021, à une messe pour commémorer la victoire, le 11 novembre 2021, à une messe en mémoire des soldats morts pour la France, le 14 novembre 2021…"
"Et nous citons uniquement les messes du mois dernier !"
"C’est pourquoi, nous proposons que cette magnifique formation au principe de laïcité soit aussi dispensée aux élus de la majorité".
Réponse de Christian Estrosi, avec amusement : "je dois dire qu'on a atteint tous les sommets".
"Je me sens l'héritier de traditions" a ainsi lancé l'édile, avant d'ajouter : "Il n'y a pas une seule règle que mon pays pourrait m'imposer qui m'empêcherait de fêter Sainte Rita ou Sainte Réparate. Voyez ça comme des atteintes à la laïcité si vous le voulez…"
Des traditions qui permettraient aux Niçois "de distinguer le bien et le mal".
Un débat qui dure
Ce n'est pas la première fois que cette question fait des étincelles entre les deux hommes.
En 2020, Jean-Christophe Picard dénonçait la cérémonie de l'Assomption, organisée au Port Lympia.
Le membre de Nice Ecologique avait tweeté : "A priori aujourd'hui à Nice ce n'est pas la fête de la laïcité."
"Ces atteintes répétées doivent cesser" avait appelé David Nakache, président de l'association humaniste "Tous Citoyens".
Concernant la présence du maire à cette célébration, Nicolas Cadène, alors rapporteur général de l'Observatoire de la Laïcité du gouvernement, rappellait que Christian Estrosi n'est pas, dans ce cadre, assujetti à une obligation de neutralité.
(Presque) consensus politique
Cette tradition choque davantage les médias parisiens (BFMTV et Libération, notamment) que les Niçois eux-mêmes. L'appui politique en faveur de ces deux cérémonies (Le Voeu et le 15-août) est d'ailleurs solide.
"Pour parler de laïcité, on ne peut pas enlever aux Niçois le Voeu. C'est une tradition, ça correspond à un moment historique. Il y a des fêtes patronales dans tous les villages" défendait Patrick Allemand (Parti socialiste) dans un interview accordé à Nice-Presse en octobre 2019.
Même son de cloche chez Philippe Vardon (Rassemblement national) également dans nos colonnes, en mars 2020 : "À Nice, on est une ville de pénitents, avec un catholicisme populaire. Il est évident que moi je ne ferais pas dans la laïcité agressive et extrémiste."
"En tant qu'élu, je serai dans la barque avec la Vierge Marie le 15 août et, oui, j'honorerai le Voeu de Nice à l'église. Que l'on croit ou non, ce sont des traditions qui rythment nos vies."