Du nouveau dans l'affaire Legay : le commissaire Rabah Souchi pourrait être renvoyé devant le tribunal correctionnel.
Les faits remontent au mois de mars 2019, période faste pour le mouvement des "gilets jaunes". Une manifestation "interdite" est organisée place Garibaldi, nécessitant le déploiement des forces de l'ordre.
En plein rassemblement, la police charge. Geneviève Legay, une militante d'Attac 06 âgée de 73 ans, est bousculée et blessée.
Le retraitée est victime de plusieurs fractures au crâne, à l'oreille interne et présente des hématomes sous-duraux.
Une plainte est déposée par sa famille "pour violences volontaires en réunion avec arme par personnes dépositaires de l'autorité publique et sur personne vulnérable" précisait l'avocat, Me Arié Alimi.
Un commissaire mis en cause
L'enquête s'intéresse au rôle du commissaire Rabah Souchi, alors responsable du maintien de l'ordre le jour des faits. Par la suite, la procédure est vivement critiquée puisque c'est l'épouse du mis en cause, Hélène Pedoya, qui était en charge, avant d'être dessaisie.
Le rapport de l'IGPN a finalement caractérisé "la charge des policiers (comme étant) disproportionnée", pointant des ordres "inadaptés".
Au fil de leurs recherches, les enquêteurs découvrent que c'est le directeur départemental de la sécurité publique (DDSP), Jean-François Illy, qui est à l'origine du dispersement. Moins d'un an après sa prise de poste à Nice, il est démis de ses fonctions dans le cadre d'une autre affaire.
Quand la presse s'en mêle
Comme c'était à prévoir, l'affaire a fait grand bruit dans les médias locaux et nationaux.
Mediapart a ainsi enquêté sur le sujet pour dénicher des éléments clés : une investigation qui n'a pas été sans conséquences puisqu'un policier azuréen, accusé d'avoir renseigné le journal, a été suspendu.
Un article qui a donné lieu à quatre convocations en 18 mois de la journaliste Pascale Pascariello par l'IGPN pour répondre à des questions concernant ses sources.
Un procureur muté à Lyon
La gestion de l'affaire par Jean-Michel Prêtre, alors procureur de la République à Nice, avait, elle aussi, donné lieu à de vives critiques.
Il déclarait dans un premier temps que Geneviève Legay n'avait "pas été touchée par les forces de sécurité" avant d'annoncer l'inverse quelques jours plus tard. Un rétropédalage embarrassant, notamment pour Emmanuel Macron.
Le président de la République s'était exprimé dans la presse, assurant que "cette dame n'a(vait) pas été en contact avec les forces de l'ordre".
A la suite de ces erreurs et déclarations changeantes, Jean-Michel Prêtre a été rétrogradé et muté en tant qu'avocat général à la cour d'appel de Lyon.
Et aujourd'hui alors ?
C'est une nouvelle page qui s'écrit dans cet épisode judiciaire. Le commissaire Souchi, déjà mis en examen en novembre dernier pour "complicité de violences volontaires", devrait être renvoyé devant le tribunal correctionnel.
C'est ce qu'a requis le parquet de Lyon où l'affaire avait été dépaysée au tribunal de grande instance, sur ordre de la Cour de cassation le 10 juillet 2019.