Des trafiquants de drogue ont installé un barrage de contrôle en travers d'une rue de Nice-Est pour garder un oeil sur les allées et venues, en toute illégalité. La mairie a saisi la préfecture, a appris Nice-Presse.
Il s'agit peut-être de l'une des plus grandes mises au défi qui peut être adressée à l'État de droit : la condamnation de l'espace public par des dealers. Un "checkpoint" de fortune, composé de deux poubelles et d'un caddie de supermarché barre ainsi la route, dans le quartier Bon Voyage à Nice. Un "dispositif" peu solide, mais hautement symbolique.
C'est le "Collectif Mercantour", association de citoyens anonymes, qui a dénoncé, clichés à l'appui, ce barrage sur Twitter. D'après ces riverains, les délinquants se seraient installés là "depuis quelques jours", avec un guetteur.
Le préfet saisi
Selon eux, la mairie serait informée de la gravité des choses, mais n'agirait pas. Contactée par Nice-Presse ce jeudi 23 décembre, la Ville ne découvre rien de la complexité du quartier.
"C'est un endroit où la police municipale est régulièrement présente" nous explique Anthony Borré, premier adjoint de Christian Estrosi, chargé de la Sécurité, du Logement, de la Rénovation Urbaine et de la Politique de la ville.
"Je m'y suis rendu plusieurs fois en ayant cherché d'ailleurs à rencontrer le Collectif Mercantour, qui n'a jamais répondu à mes propositions d'entretien."
De même, le bras droit du maire rapporte avoir "alerté plusieurs fois le préfet sur cette situation". Lequel a été sollicité par nos soins à la mi-journée, sans retour au moment où nous écrivons ces lignes.
"Racailles"
Le 11 août dernier, ce même Collectif Mercantour témoignait dans nos colonnes à propos du HLM 151 bis, route de Turin, soumis, estimait-il, "à la loi des dealers" depuis des années. La Direction départementale de la sécurité publique (DDSP) défend, dans cette zone de Nice, "un travail de fond" avec "des interventions quotidiennes".
Ce jeudi, Philippe Vardon, le chef de file de l'opposition Rassemblement national au conseil municipal, a vivement réagi sur les réseaux sociaux. "À Nice aussi la racaille installe des barrages !" a-t-il tweeté. "Un nouveau cap franchi pour Le Mercantour, quartier Bon-Voyage, où les habitants n’en peuvent plus. Rappel : pour le directeur de cabinet du préfet, il n’y a pas de problème de sécurité particulier (ici)".
Cette dernière phrase étant une allusion à un récent entretien accordé par les services de l'État à notre journal, dans lequel ils souhaitaient souligner que "Nice est une ville sûre qui n'a rien à voir avec Chicago".
Le trafic de drogue est un sujet majeur dans la capitale azuréenne. En 2021, les interpellations liées aux stupéfiants menées par la police municipale ont bondi de 126%.