Le professeur Raoult a une nouvelle fois fait des déclarations remarquées sur la pandémie de Covid-19 la semaine dernière à l'antenne de CNews et sur YouTube. Ses affirmations sur la situation sanitaire sont, pour certaines, clairement à l'opposé des recommandations du gouvernement et de certains de ses collègues. Tour d'horizon.
SANTÉ — Le contexte : Dimanche soir, 4.897 nouveaux cas de coronavirus ont été recensés en 24h en France, selon les autorités sanitaires. Les chiffres de contamination sont inédits depuis mai, et pas seulement grâce au développement du dépistage, mais peu de cas sont graves. Beaucoup sont repérés chez les jeunes, souvent asymptomatiques.
"Nous sommes dans une situation à risques" face au Covid-19, a mis en garde le ministre de la Santé Olivier Véran ce dimanche 23 août. "Le risque, a-t-il insisté, c'est que, après avoir enlevé doucement le couvercle de la casserole, l'eau se remette à bouillir".
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La "seconde vague"
Le Conseil scientifique juge "hautement probable une seconde vague à l'automne". Le gouvernement a multiplié les appels à la prudence cet été, faisant planer la menace d'un reconfinement généralisé (avant d'écarter cette hypothèse ce week-end) ou de la fermeture des lieux publics non-essentiels.
Le directeur de l'IHU Méditerranée estime que ça ne prend "pour l'instant pas cette forme-là". Tout en précisant que "l'avenir d'une maladie nouvelle est imprévisible. Les chiffres sont très difficiles à interpréter."
Certains de ses confrères sont plus catégoriques. Chef de la réanimation de l’hôpital de Garches (Hauts-de-Seine), Djillali Annane, dans "Le Parisien", est catégorique : "On est au début de la deuxième vague." Même certitude pour le professeur Christian Rabaud au CHU de Nancy. "Elle est là" a-t-affirmé sur France Bleu. Le ministre de la Santé parle lui plutôt d'une "situation à risque, bien différente de celle de février".
Il n'y a pas de "reprise de l’épidémie parce qu’elle ne s’est jamais arrêtée" a-t-il complété.
Pas d'urgence à se faire dépister
Concernant les tests, M. Raoult a concédé la semaine dernière sur CNews que "c'est mieux de faire des tests que de ne pas en faire". Il appelle néanmoins à la mesure : "On ne va pas pouvoir tester 65 millions de gens une fois par semaine. On ne va pas se battre, c'est une maladie virale comme les autres…"
Visiblement pas de cet avis, le gouvernement intensifie ses capacités de dépistage : "Nous venons de dépasser notre objectif de 700.000 tests réalisés chaque semaine (…). Nous pouvons réaliser 1 million de tests par semaine s’il le faut, détaille le ministre de la Santé auprès du "Journal du dimanche". La France fait aujourd’hui plus de tests que l’Allemagne, l’Espagne, l’Italie, la Suède, les Pays-Bas"
La maladie "a changé"
Le Covid-19 aurait évolué pour ne plus être une maladie très grave aujourd'hui, d'après le professeur marseillais. "Ce n'est plus la même maladie qu'en février. La forme est très bénigne aujourd'hui" assure Didier Raoult.
"Aucun argument scientifique ne vient étayer cette théorie" conteste Olivier Véran. "Le Covid qui se propage est le même que celui qui a coûté la vie à 30.000 Français. Seul le profil des malades a changé, plus jeune et donc moins symptomatique."
Le virus "a muté à plusieurs reprises. En revanche, aucune de ses mutations n’a entraîné de changement, ni dans son mode de transmission ni dans sa virulence, c’est-à-dire son impact clinique" assure de son côté l’infectiologue Yazdan Yazdanpanah, interrogée par "Le Parisien" ce week-end.
"Pas sûr" que le masque protège en extérieur
"Le masque protège les gens dans le domaine du soin. Pour le reste, rien n'est clair, rien n'est démontré sur le plan de la transmission virale" a posé Didier Raoult, mettant en garde sur la dangerosité de cette obligation : "J'ai peur de la peur. J'aurais préféré qu'on en reste aux recommandations".
Aucune étude n'a été menée à ce jour sur l'efficacité du port du masque dans l'espace public : son efficacité est prouvée en lieu clos, mais pas du tout en extérieur, à l'heure actuelle.
Pour ce qui est du gouvernement, le message a été porté au gré du vent. D'abord "inutile" voire "possiblement dangereux s'il est mal utilisé", le masque a fini par être imposé à peu près partout (lieux publics, espaces de travail, écoles,…).
"Le masque est le préservatif du coronavirus" explique avec détermination le docteur Antoine Flahault dans la presse ce week-end. "Comme lui, on a mis en doute au départ son efficacité. Pourtant on le sait : le masque marche entre un soignant et un soigné. Pourquoi serait-ce différent entre un boulanger et son client?"
Pas de consensus scientifique donc, mais un principe de précaution. Véronique Merle, médecin hygiéniste et professeure de santé publique à Rouen explique ainsi à "Libération" que "pour respecter la distanciation physique, il faut être deux. Au marché, je ne peux pas garantir que la personne devant moi ne va pas se rapprocher, donc je mets mon masque."
Bruno Lina, membre du Conseil scientifique défend également cette protection "l’été, surtout, période pendant laquelle il y a peu de vent et où on observe une densité de population importante par endroits ou des rassemblements statiques. Ssur les marchés, par exemple."