-- MAJ 23 mai : Mort du jeune Maïcol à Nice : l’IGPN met en cause les policiers
Nos confrères de "L’Écho des Banlieues" réalisent un long reportage sur la mort de ce jeune Niçois, qui fait toujours l'objet d'une enquête de l'IGPN. D'un parti pris assumé, le document relaie la thèse de la "bavure policière" mais aussi la souffrance du quartier populaire des Liserons
C'est une galerie de désespoir qui se dévoile sur plus de vingt minutes. Le média indépendant "L’Écho des Banlieues" est parti à la rencontre des proches de Maïcol Goncalves-Furtado, ce Niçois de 20 ans mort le 10 janvier dernier à l'issue d'une course-poursuite controversée avec la BAC, dont les circonstances exactes sont encore sous le coup d'une enquête de l'IGPN, la police des polices.
Notre dossier : l'affaire Maïcol à Nice
Face caméra, sous un flash aveuglant, tour à tour la petite-amie peu sûre d'elle qui enterre son amoureux et leurs projets d'avenir, l'ami d'enfance au bord des larmes, le frère révolté, le "sage du quartier" désabusé. Bien que centré sur "l'affaire Maïcol", le document dessine aussi, en creux, le portrait brut des Liserons, un coin paumé et populaire de l'Est niçois. "Le 328", petite enclave délabrée entre rien et rien, a connu les fusillades liées au crime organisé l'été dernier. Cet hiver, c'est la perte d'un jeune, "petit ou grand frère de tout le monde", qu'il faut encaisser.
Sur l'affaire Maïcol
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Dans la vidéo, déjà visionnée par 10.000 personnes, pas de contradictoire. La Ville de Nice n'aurait pas souhaité s'exprimer, la police n'a pas été contactée. Si bien qu'il n'y a que la thèse de la "bavure policière" qui est défendue, avec des points clés encore contestés. "Certains témoins", qui ne s'expriment pas directement dans le reportage, assurent que le véhicule des forces de l'ordre est "entré en collision" avec la moto du jeune homme, le jetant ainsi vers la mort. Les premiers retours décrivaient plutôt un accident, avec une moto qui bute banalement contre le trottoir de ce tunnel réputé dangereux. Sollicité par "Nice-Presse" pour un commentaire, le procureur Xavier Bonhomme n'a pas donné suite. Les conclusions de l'IGPN permettront peut-être d'y voir plus clair.
Le travail de L’Écho des Banlieues intervient deux mois après le drame. Entre-temps, les différents intervenants, tous des proches du défunt, ont un peu perdu espoir. Pour eux c'est sûr, "la vérité n'a pas été révélée".
"Il faudrait une émeute pour que les choses bougent, mais personne ici ne veut de ça" lâche même l'un des jeunes. Éclairage d'Arnold, l'un des journalistes à l'origine du sujet : "ce qu'on a vu là-bas, c'est une forme de détresse, pas de la haine. On a des gens qui ont essayé de faire les choses sagement, calmement, avec une marche blanche, une manif, des interviews. Au bout du bout, ils ont l'impression de ne pas être écoutés. C'est juste une sonnette d'alarme : ils disent vouloir faire réagir le maire, le procureur".
"Sagesse"
"On est dans un film, on dirait que personne ne voit la situation. Un jeune de vingt ans est mort et tout le monde s'en fout, souffle Nihad, l'ami de toujours. Plein de petits sont morts mais on n'a jamais vu un policier en prison." Une vision qui semble partagée par chacun des intervenants, qui décrivent tous des rapports dégradés avec les forces de l'ordre.
De quoi cette affaire serait-elle le point saillant ? "On a eu le sentiment, en arrivant ici, de débarquer dans une mini-Castellane" nous racontent les reporters, Arnold et Alexis, faisant allusion à cette cité des quartiers Nord de Marseille. "Chaque histoire est différente, chaque quartier a ses problèmes. On voit, là encore, celui des rapports entre les jeunes des cités et la police. Avec une affaire Maïcol en région parisienne, ça aurait pété. Mais aux Liserons, on a vu une forme de sagesse".
"Maïcol, dans le ciel de Nice", L’Écho des Banlieues. Reportage, 23 minutes