Jeudi 17 mars, Emmanuel Macron, candidat à sa réélection, présentait son programme. L’occasion pour le président de remettre sur le tapis l’idée d’une fusion entre la Métropole Nice Côte d’Azur et le Département des Alpes-Maritimes.
La proposition était inattendue et aura eu le mérite de faire réagir. Charles-Ange Ginésy, président du CD06, et Eric Ciotti, numéro deux au sein de cette même instance, ont accueilli avec véhémence la suggestion du chef de l’Etat.
Pourtant, cette idée de fusionner Métropoles et Départements n’est pas sortie du chapeau en 2022. Il faut remonter en 2017 pour en entendre parler avec le programme d’Emmanuel Macron.
Si l’on regarde encore plus loin, en 2010, François Fillon défendait déjà un projet similaire dans la loi de réforme des collectivités territoriales. Mais tout n’était resté que théorique.
La pratique est arrivée en 2018 avec des rencontres entre l’Elysée et les présidents des Métropoles de Nice, Toulouse, Bordeaux, Nantes, Lille ou encore Marseille. Des réunions vaines pour au final une mise au placard de cette initiative en 2019.
Quels changements concrets ?
Il ne s’agit pas là, comme pour les régions en 2016, de redessiner la géographie du pays.
Cette politique s’oriente davantage vers un transfert de compétences. Concrètement, les pouvoirs des conseils départementaux pourraient être exercés par les Métropoles.
Exemple avec les collèges. Avec une réattribution des compétences, la Métropole NCA s’occuperait des établissements situés sur son territoire. Rénovation, budget, cantine…
Le scénario serait le même concernant certains transports ou encore la gestion des pompiers.
Du côté de la fiscalité en revanche, c’est encore le flou artistique. Cette fusion permettrait-elle vraiment des économies d’échelle, avec moins de doublons ?
Le script ne plaît guère aux présidents des départements concernés. Lors d’un colloque organisé en octobre 2018, ces derniers pointaient du doigt un projet qui “aggraverait les fractures sociales et territoriales”.
Selon eux, “deux ans de travail en amont” seraient nécessaires pour adapter les compétences à la politique métropolitaine.
La particularité de Nice et du 06
Même si Nantes et Lille avaient jeté l’éponge lors de l’étude du dossier, la Métropole niçoise pourrait toujours être intéressée par de nouveaux pouvoirs, bien qu’elle en ait acquis plusieurs (les routes…) au cours des dernières années, comme le soulignait Charles-Ange Ginésy dans une interview à Nice-Presse le 19 décembre dernier.
En tout cas, Christian Estrosi a déjà, selon les dires d’Emmanuel Macron, “porté le projet”. Mais l’ex-LR se heurte à une situation spécifique à notre territoire, à savoir la situation glaciale entre les élus des deux institutions concernées.
L’édile de Nice fait, encore une fois, face son grand rival Eric Ciotti, toujours présent et influent au CD06.
Face à cela, les négociations, s’il y en a, pourraient être âpres si aucun des protagonistes ne veut céder de terrain à l’autre.
Le maire doit exprimer son point de vue dans la presse incessamment sous peu.