C'est l'un des indicateurs les plus importants. Le taux d'incidence détermine le nombre de cas positifs sur un territoire pour 100.000 habitants, sur les 7 derniers jours. Il offre une bonne photographie de la circulation du virus à l'instant T… c'est aussi lui qui est scruté à la loupe par les autorités.
Dans les Alpes-Maritimes, le voyant est au rouge. Et on ne parle plus que de ça ces derniers temps, surtout depuis que le ministre de la Santé Olivier Véran a sonné l'alerte dimanche 27 décembre, confiant sa vive inquiétude pour notre département et en particulier pour la métropole de Nice.
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Lors d'un point presse, lundi, à l'issue d'une convocation du Conseil local de Santé, Christian Estrosi a tenu à garder la tête froide. Oui, la situation n'est pas réjouissante, raison pour laquelle le maire de Nice a demandé au gouvernement d'encadrer davantage les déplacements de notre territoire vers Monaco et l'Italie, de commencer la campagne de vaccination "immédiatement" dans les Alpes-Maritimes (ce qui a été refusé) ou de mettre en place des couvre-feux avancés dans certains quartiers particulièrement concernés par la flambée épidémique. Mais l'heure n'est pas à la panique.
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Le niveau d'alerte de ce taux d'incidence est fixé à 50. Largement au-dessus, la moyenne nationale est de 126 au 28 décembre, et de 293 pour le département des Alpes-Maritimes : c’est 133.1% plus élevé que la moyenne française. Du 19 au 25 décembre, on compte 451 nouveaux cas chaque jour, en baisse notable sur une semaine (il y a moins de décès chez nous qu'en moyenne en France).
Notre métropole est aujourd'hui la plus touchée de France par le virus. Qu'est-ce qui se cache derrière cet énorme chiffre ?
Déjà, une augmentation des cas inexpliquée, notamment dans les quartiers précaires de l'Est niçois, comme une épidémiologiste du CHU de Nice l'expliquait il y a encore quelques jours.
Une augmentation des contaminations à cause du "laisser-aller et du relâchement de certains Niçois" pointe la Ville ensuite.
Attention, le taux d'incidence serait aussi lié à notre politique de dépistage, notre ville ayant fait partie de celles où les gens se sont le plus fait tester avant Noël. Dans la presse ce week-end, le professeur Michel Carles, infectiologue au CHU de Nice, ne dit pas autre chose : "Nous avons augmenté le nombre de tests de manière significative avant les fêtes de fin d’année, ce qui constitue l’une des explications".
Du 14 au 20 décembre, 51.200 tests COVID ont été effectués dans les AM, d'après Santé Publique France. Un chiffre effectivement en très forte hausse par rapport aux jours précédents : du 30 novembre au 6 décembre, on en comptait 26.000 (151 d'incidence), 29.000 du 7 au 13 décembre (162 d'incidence).
Le dépistage n'est pas la seule explication de la situation que nous vivons, en témoigne l'évolution du nombre d'hospitalisations, en hausse : 62.6% des places en réa occupées (50), 556 patients COVID (+17 en 24h). Il n'y a pas d'afflux pour l'instant dans les établissements maralpins, mais pour le docteur Walid Ben Brahim, directeur de l'hôpital de Grasse, "les prémices de la troisième vague sont déjà là".
Pour Bastien Ripert-Teilhard, directeur du centre hospitalier d'Antibes-Juan-les-Pins, "on y verra plus clair autour du 15 janvier, soit dix jours après la fin des vacances", le moment de savoir si le nombre d'hospitalisations sera proportionnel aux nouveaux cas positifs, où s'il s'agit de jeunes n'étant pas en danger.
La situation dans le département Alpes-Maritimes est actuellement pire que lors du pic de la première vague (556 patients COVID ce lundi 28 décembre, contre 282 max simultanément lors de la première vague. La deuxième est ainsi bien plus haute que la première (+97 %).
Un conseil de défense sanitaire est convoqué ce mardi 29 décembre autour du président de la République Emmanuel Macron. Impossible de savoir ce qui pourra y être décidé, même si plusieurs élus locaux militent déjà pour la mise en place de reconfinements locaux dans les territoires les plus concernés, à l'Est et dans le Sud-Est.