À la tête de l'Opéra de Nice depuis fin 2019, Bertrand Rossi dresse un bilan positif concernant cette année, avec une augmentation du public. À présent, place à la nouvelle saison 2022/2023 avec de belles surprises au programme.
Quel est le bilan de cette saison ?
"En prenant l'année 2018-2019 comme référence : il y avait 55.000 spectateurs. Je me disais que c'était un bon chiffre mais quand on sait qu'il y a 350.000 habitants à Nice, on se demande : mais où sont les gens ? Est-ce qu'ils ne viennent pas à l'Opéra parce qu'ils n'aiment pas ça ou parce qu'ils ne connaissent pas ? Je pense que c'est la deuxième solution.
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J'ai donc pensé qu'il fallait augmenter le nombre de levers de rideaux. Nous sommes passés d'une centaine en 2018-2019 à 341 cette année. J'ai également fait le choix d'élargir le répertoire et le style de musique qui doit se dérouler dans un opéra.
Nous avons donc atteint les 85.000 spectateurs lors de cette saison. C'est quand même une prouesse importante car il faut reconnaître que partout, que ce soit dans les théâtres, les opéras, ou les cinémas, le public peine à revenir."
Vous aviez pour priorité d’attirer de nouveaux publics. Est-ce un pari réussi ?
"Ma volonté était de toucher tous les publics, et de faire venir des personnes qui n'avaient pas encore franchi les portes de cette structure.
Nous avons un public, qui je crois, a rajeuni. Ça s'observe à l'œil nu, lorsqu'il y a des opéras, des concerts… On voit des jeunes venir en groupe. Ça fait plaisir, on sent qu'il se passe quelque chose.
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On peut aussi le constater à travers les chiffres, puisque l'on a 10.000 étudiants qui se sont présentés et 12% de notre public a moins de 26 ans. C'est une belle réussite."
L'établissement a-t-il retrouvé de la visibilité ?
"Il y a un beau retour de la presse, c'était une vraie prouesse. Nous avons eu la présence de trente-quatre journalistes nationaux au cours de la saison.
En 2010, Le Figaro avait sorti un classement concernant les vingt opéras français. Notre établissement avait été dix-huitième. Je ne pense pas qu'il a été placé de la sorte parce que les spectacles n'étaient pas de bonne qualité, mais plutôt car Le Figaro n'était pas venu depuis vingt ans. Cette année, ils ont été présents quatre fois."
Quand commencera la saison 2022-2023 ?
"Elle débutera le 3 septembre avec une nouveauté : le Festival Metal Up The Opera et elle se clôturera avec la renaissance du Festival de Musique Sacrée en juin.
Ça représente vraiment le grand écart de l'Opéra. On retrouvera deux styles qui peuvent paraître totalement opposés. C'est très symbolique de ce que va être la saison.
Concernant le Festival Metal Up, on peut se demander pourquoi on programme du métal. Mais en réalité, cette musique puise sa source dans le classique.
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On va avoir plusieurs groupes qui vont alterner pendant cet événement, et on terminera avec Les Tambours du Bronx. C'est la première fois qu'ils joueront dans une salle d'opéra.
Cela va permettre de participer au croisement des publics. Je rêve qu'il y ait ce mélange : les métalleux mais aussi le public de l'opéra."
Quelles seront les nouveautés ?
"On entre dans le vif du sujet avec les opéras. On ouvre avec celui de La Sonnambula de Bellini. Ce que l'on note ici, et c'est une nouveauté, c'est les coproducteurs. C'est important pour notre établissement de rayonner au niveau national, mais aussi international. Ici, on a une coproduction prestigieuse avec le théâtre des Champs Élysées à Paris, le Semperoper de Dresde, et le Metropolitan Opera de New-York.
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D'ailleurs, la saison lyrique débutera en novembre. Il y aura sept nouvelles productions, ce qui est énorme. J'aime bien l'idée que l'Opéra de Nice soit une maison de création et de production. On est 320, on a des ateliers de décors…
On retrouvera également Fidelio de Beethoven, en coproduction avec l'Opéra Comique de Paris et celui de Dijon. Les décors s'exporteront donc là-bas, c'est le savoir-faire niçois qui sera présenté. Ici, il y aura une caméra sur scène qui filmera en direct les personnages."
Et autour de l'Opéra ?
"On va pérenniser ce qui a déjà été mis en place (l'escape game, les dîners sur scène… ndlr). Les deux plus grosses nouveautés à ce niveau-là seront : le festival de métal et le festival de musique sacrée.
On veut vraiment confirmer ce qui a déjà été fait. On va continuer le partenariat avec l'Université Côte d'Azur, avec par exemple l'Orchestre à la bibliothèque. On va aussi organiser un concert hip-hop/opéra.
On trouvera également le Veglione (fête de nuit, parfois costumée, ndlr). Ça sera un peu comme si c'était une nouveauté car nous n'avons pas encore pu le mettre en place. Il sera lancé pendant le Carnaval. Ce sera donc le bal de l'époque baroque jusqu'à aujourd'hui, en terminant par la musique électro. On pourra danser sur la scène et dans la salle.
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