C'est un problème pour la droite : cette année, le RN a un très solide candidat pour les régionales. Comme nous le révélions dès le 7 janvier, c'est décidé, l'ancien ministre des Transports de Nicolas Sarkozy, Thierry Mariani, sera la tête de liste frontiste en Provence-Alpes-Côte-d'Azur (même s'il ne l'a pas encore annoncé). L'eurodéputé RN, ex-LR, a déjà concouru pour cette élection dans le Sud, sous la bannière UMP, en 2010.
Info Nice-Presse : c'est décidé, l'ex-LR Thierry Mariani va mener la liste du Rassemblement national aux régionales en PACA
Dans un interview publié dans les colonnes de Nice-Presse en septembre dernier, il confiait déjà qu'"une alliance, explicite ou non, de la droite avec LREM serait un élément déterminant" pour qu'il se lance dans la course. Et c'est exactement ce qui semble se profiler ces jours-ci.
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Dans la très informée lettre Playbook Paris ce vendredi 19 février, on revient sur l'annonce de la candidature de Sophie Cluzel, secrétaire d'État, cheffe de file de LREM en Région Sud : "Elle n’est toutefois pas encore officiellement nommée tête de liste. Et pour cause. La majorité, qui sait n’avoir aucune chance d’emporter cette région, s’inquiète de la voir basculer, et pas seulement au second tour". Il est vrai que depuis plusieurs semaines, plusieurs sondages donnent le RN en position de favori au premier tour (comme en 2015) sans toutefois pouvoir l'emporter, sur le papier, au second.
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"Il y a un vrai risque RN" note un "stratège" marcheur. Mariani a de quoi faire peur à la droite. Avec un parcours sans tâche, un naturel empathique et un certain charisme, il a aussi l'atout de venir de la droite républicaine (d'autant qu'il reste proche de Muselier, le président LR sortant et candidat à sa réélection). Un facteur très rassurant pour les électeurs sudistes encore hésitants à voter pour le parti lepéniste.
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"On va jouer à fond sur cette carte" nous confie l'une des têtes pensantes de la communication au Rassemblement national. "Les photos d'archives avec Sarkozy, toujours très populaire par ici, l'expérience d'un ministre, l'image d'homme modéré, droit dans ses bottes…"
"Résultat, on n’a pas renoncé du côté de LREM à faire alliance avec la droite" avance encore Playbook. "Et pourquoi pas dès le premier tour. Tant pis si Christian Jacob, le président des Républicains, a bien redit mercredi qu’aucune alliance n’était envisageable. “Il a rappelé la messe en latin, mais chacun fait ce qu’il veut dans son église" ajoute un marcheur de l'état-major.

Comme Le Parisien du jour le note sans ambages, "la machine à perdre est lancée : pas d'équipe de campagne, pas de mandataire financier, pas de programme" pour le parti présidentiel dans le Sud-Est. La majorité va-t-elle faire alliance avec les Républicains dès le premier tour, comme l'ancien ministre de l'Intérieur Castaner l'a proposé le week-end dernier à Muselier ? Toujours est-il que la "cheffe de file" Cluzel va montrer patte-blanche au "Macron-compatible" Christian Estrosi, maire de Nice, dans les jours prochains.
C'est d'ailleurs autour de ce dernier qu'une partie de la stratégie de la droite dans le Sud pourrait s'organiser. "Muselier est dans une position d'équilibriste : la droite de la droite pourrait être tentée par Mariani, et il n'a pas le positionnement pour leur courir après, contrairement à Estro en 2015. Il lui faut donc absolument les centristes, hors de question que les Marcheurs présentent une liste avec un RN aussi haut. Mais une alliance ne serait pas populaire du tout, dans le parti et dans l'opinion" nous confie-t-on à droite.
"Alors on pourrait voir Estrosi et Falco (le maire de Toulon, NDLR) tous les deux plutôt constructifs, à dire le moins, avec Macron, être mis en avant. Une alliance qui ne dit pas son nom pourrait faire la blague. Enfin, c'est à espérer…"
"À Nice comme à la Région les alliances LR-En Marche existent déjà !" avance d'ailleurs l'élu RN Philippe Vardon dans un communiqué enflammé cette semaine, rappelant la présence d'élus LREM et Modem dans les rangs de la majorité de droite au conseil municipal de la capitale azuréenne comme au conseil régional.
Quelques mois avant la présidentielle, voir passer la Région Sud chez Marine Le Pen enverrait un signal désastreux pour les deux partis de gouvernement. L'enjeu est donc de taille.