D’après un récent sondage de l’institut YouGov, plus d’un tiers des enfants nés en 2010 sont présents sur les réseaux sociaux. Ces jeunes flirtent avec des dangers bien connus, même si des points positifs restent à souligner.
Treize ans, c’est théoriquement l’âge légal pour avoir un compte sur ces plateformes. Pourtant, 40% des 8-11 ans utilisent déjà Tiktok, Facebook, Snapchat ou encore Instagram en France.
Céline Vaillant, secrétaire générale de la Fédération des conseils de parents d’élèves dans les Alpes-Maritimes (FCPE 06) a bien constaté cette curieuse évolution : “Ma fille a 17 ans. À son ‘époque’, au collège, rares étaient les jeunes à avoir un smartphone. Aujourd’hui, avant même l’entrée en sixième, ils en ont quasiment tous !”
Un avis partagé par Kimberley Donkers, psycho-analyste clinicienne à Nice.
De huit à onze ans, le cerveau est dans une phase d’intégration de toutes les connaissances. C’est aussi un moment où il est très difficile de faire la part des choses : “les très jeunes ne distinguent pas l’émotionnel du rationnel. Si une personne est gentille avec eux, ils pensent qu’elle leur veut automatiquement du bien. Alors que ce n’est pas toujours le cas…”
Des effets pervers…
Leurs camarades peuvent, en plus, avoir un usage absolument dévastateur de ces outils. Le cyberharcèlement est, on le sait, l’une des dérives principales des réseaux sociaux.
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“Ces situations débutent tôt. Cela concernait majoritairement les classes de troisième ou de quatrième au collège. Maintenant, c’est dès la sixième”
Céline Vaillant, secrétaire générale de la Fédération des conseils de parents d’élèves dans les Alpes-Maritimes
Un acharnement présent du matin au soir pour certains petits.
“Le harcèlement numérique est une escalade de violences qui ne s’arrête jamais. L’angoisse est permanente” rapporte encore la psycho-analyste. La lutte contre ce phénomène est d’ailleurs l’une des priorités affichées cette année par l’Académie de Nice.
L’émergence de certains “défis” néfastes pose également problème. Le “Thigh holding challenge”, par exemple, consiste à faire le tour de sa cuisse avec ses deux mains, un culte du corps parfait et de la maigreur poussé à l’extrême.
“Cela peut créer de la frustration et entraîne souvent des troubles du comportement alimentaire, accompagnés d’une perte d’estime de soi” décrypte Kimberley Donkers.
…et des choses plus sympas
À double tranchant, ces applications incarnent aussi une ouverture sur le monde. Le renforcement des liens sociaux, l’acceptation de soi, la création artistique… “Pendant les confinements, les élèves ont pu communiquer entre eux via les réseaux sociaux, alimenter le lien en dehors de l’école” rappelle Céline Vaillant.
Pour la psycho-analyste Kimberley Donkers, les effets positifs apparaissent dès que l’ado est capable de prendre de la distance avec ce qu’il voit.
“À partir de 16 ans, nous sommes construits : nous avons davantage conscience des dangers éventuels. C’est à ce moment précis que les réseaux deviennent un outil intéressant pour la connaissance, le partage, les rencontres…”
Avant cet âge-là, l’accompagnement d’un adulte est fortement conseillé. Le Haut Conseil de santé publique recommande d’ailleurs l’interdiction totale des écrans avant l’âge de trois ans.