POLITIQUE — "Je dis à l’État que Les Moulins, Les Liserons, ça ne se gère pas par une doctrine depuis Paris" martèle ce mercredi 22 juillet Christian Estrosi. Histoire de rappeler qu'il faudra passer par lui pour régler le problème du trafic de stups et des fusillades à Nice, même si le gouvernement s'en empare.
Et justement, il a sa solution, son marché à conclure. Simple et direct. "Je peux faire un effort budgétaire considérable avant la fin de l’année, mais sous conditions : je suis prêt à embaucher 80 policiers municipaux supplémentaires si le gouvernement me transfère des pouvoirs de police" a-t-il développé dans le Nice-Matin du jour (article abonnés par ici).
"Je n’embaucherai pas, je n’enverrai pas mes policiers dans les quartiers pour qu’ils soient menacés, pour qu’ils soient des cibles. Ils doivent avoir des moyens identiques aux policiers nationaux"
Des semaines et des semaines que le maire de Nice réclame des effectifs en renforts dans les cités de notre ville. Aux Liserons, il aura fallu, en juin, deux fusillades en quelques jours pour que des CRS soient déployés. Mais le calme a été de courte durée, et c'est encore avec des armes de guerre en pleine rue qu'on a tiré ce lundi 20 juillet aux Moulins.
"Aux Moulins, il n’y a pas de problème. C’est un exemple formidable" défendait Christian Estrosi dans nos colonnes il y a une poignée de semaine encore, tout en reconnaissant la subsistance d'un "noyau de délinquance, considérablement réduit, autour de la drogue". Il aura fallu une étincelle pour remettre le feu à ce petit noyau.
Des CRS, la Ville en veut aussi pour le littoral. Depuis le déconfinement, il y a le feu dans tout un tas de quartiers, cette fois à cause de la petite et moyenne délinquance urbaine. Et pas dans ceux auxquels on s'attend le plus : le cossu Port Lympia, avec des dégradations et cambriolages, ou les Ponchettes, saccagées certaines nuit par des "bandes de jeunes alcoolisés."
Mais là encore, le coup de main de Paris se fait attendre. Et les policiers municipaux ne peuvent pas "faire l'interim" : les quartiers difficiles ne relèvent pas de leurs compétences. Ils ne peuvent même pas contrôler les identités… alors vouloir s'en prendre au tentaculaire trafic de drogues azuréen, même pas en rêve. Sauf si la doctrine change.
"Le trafic de drogue s’est de nouveau organisé et a grossi, malgré mes multiples alertes" dénonce encore le maire, qui annonce : "J’ai identifié 30 familles très lourdes et je vais demander leur expulsion des logements de Côte d’Azur habitat, le bailleur social".
Ça, c'est Philippe Vardon, son opposant du Rassemblement national, qui le réclamait depuis des mois. L'expulsion des foyers liés aux stups des logements sociaux figurait même en bonne place dans son programme municipal.
Une mesure difficile à appliquer, mais réalisable en cas de "nuisances avérées". Marseille l'a fait, Nice devrait réussir à se débrouiller aussi.
"Le travail de fond, je le conçois plutôt avec des éducateurs qu'avec des policiers. Les renforts de police, on s'en sert pour ramener l'ordre et le calme avec quelques interpellations" développait le socialiste Patrick Allemand cette semaine sur Facebook : "C'est à ce genre de propos qu'on voit bien qu'il y a encore une droite et une gauche dans cette ville."
Depuis le début de l'année 2020, d'après un comptage Nice Presse, la capitale azuréenne a été victime de 11 fusillades (voir notre décryptage). Plus d'une dizaine de personnes ont été blessées, dont certaines avec des fusils d'assaut et autres armes de guerre.