D'après une nouvelle étude scientifique publiée par la revue Environmental Research Letters, plusieurs zones du centre-ville niçois pourraient finir sous les eaux d'ici 2100 à cause du dérèglement climatique.
Faut-il s'inquiéter ? Comment pouvons-nous agir pour éviter ce type de catastrophe ? 5 questions au docteur Richard Chemla, adjoint de Christian Estrosi chargé de l'Écologie.

1 - Les images d'une Nice inondée, relayées dans cette étude, sont saisissantes. 2100, c'est demain. Doit-on paniquer ?
R. C. : Bien sûr que non. Ce type d'images, qui créent naturellement des émotions, sont très positives. La prise de conscience s'accélère, chacun a compris que nous sommes tous concernés. Les catastrophes ne sont plus lointaines. Avec Christian Estrosi et l'ensemble des équipes mobilisées, nous n'avons pas attendu ce rapport pour travailler.
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2 - On nous parle de l'action contre les gaz à effet de serre, mais même si Nice était parfaitement exemplaire, nous serions tout de même impactés par ceux des agglomérations voisines, des autres pays…
C'est tout à fait exact. Certaines associations brandissent la réduction des gaz à effet de serre comme une absolue nécessité : ce n'est pas du tout la priorité des métropolitains. Il s'agit d'un problème international.
Cela ne nous empêche pas de tout faire pour montrer l'exemple. Nous serons décarbonés sur la plupart de nos transports d'ici à 2030, nous agissons pour le vélo et nous avançons sur la rénovation et l'isolation des bâtiments, pour prendre quelques exemples.
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Mais la réduction des gaz à effet de serre, je la balaie d'un revers de main : ce n'est pas ma référence. Nous n'aurions aucun impact réel sur la planète. Là où nous pouvons évoluer, c'est surtout sur la résilience et l'adaptabilité des citoyens.
4 - D'après vous, de quelle prévision serons-nous les plus proches en 2100 ? Les plus optimistes des modélisations placent déjà le Cours Saleya et la Prom' sour les eaux…
Je suis honnête : je ne le sais pas. Difficile d'avoir des certitudes sur la situation à laquelle nous serons confrontés dans 80 ans. Nous serons sans doute au-delà de +1,5 degré.
Il faut savoir que nous menons déjà des études sur des barrages et d'autres dispositifs pour éviter cette inondation. Regardez les Hollandais, ou les Vénitiens. Ils sont sensés être au-dessous du niveau de la mer, mais ils se sont organisés. En 2100, notre territoire sera fortement impacté. Mais nous nous serons adaptés, pour que les Hommes ne le soient pas.
"Il y aura partout sur la planète des augmentations de température. La région Sud se rapprochera d'une zone subsaharienne"
Dr. Richard Chemla à Nice-Presse
C'est aussi pour cela que les combats d'arrière-garde me font sourire. Certains s'opposent à ce que nous démontions le TNN : il faut pourtant enfin comprendre que chaque mètre carré de verdure vaudra bientôt de l'or. Nous devons créer des îlots de fraîcheur partout où cela est possible.
C'est aussi pour cela que l'éducation à l'environnement est si essentielle. Les futures générations doivent avoir les clés pour appréhender le nouveau monde qui les attend.
5 - Au rayon des critiques, le Collectif citoyen 06 assure que la Ville n'aura jamais la place de planter les 280.000 arbres promis parce qu'elle aurait tout bétonné. Et EELV qu'au rythme où les choses avancent, l'aéroport sera bientôt une base sous-marine. Que répondez-vous ?
Je le prends très bien, les associations sont des aiguillons qui nous apportent beaucoup. Mais à un moment, il faut arrêter : là où il y a la volonté et l'argent, on trouve la place. Nous allons réserver des terrains, fermer des parkings… Les arbres seront plantés.
Il suffit de suivre tous les conseils municipaux et métropolitains : les dossiers liés à la transition écologique figurent parmi nos priorités.
"Comparez Nice aux autres métropoles : nous agissons bien plus que partout ailleurs"
Dr. Richard Chemla à Nice-Presse
Même si les mentalités changent, on voit aussi qu'il faut faire attention à ne pas aller trop vite sans pédagogie, sinon nos choix peuvent être vécus comme des punitions.
Je l'ai vu pour la nouvelle taxe imposée aux automobilistes sur la liaison Nice-Corse en ferry : elle a été mal présentée, ou en tout cas de façon brutale. Il faut expliquer que notre priorité est de protéger les Niçois, et en particulier les plus faibles. On ne doit pas laisser penser à une écologie punitive.
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